Histoire du village d’Uffholtz
Des fouilles archéologiques récentes au centre du village, ont permis de trouver des tessons en terre cuite et un fragment d’une meule de l’âge du bronze, – 1400 à – 800 avant Jésus-Christ. Le village faisait partie du duché d’Alsace sous Adalric ou Etichon, (VIIe s.) dont la fille, sainte Odile va devenir abbesse du Hohenburg ou Mont-Sainte-Odile.
D’après une fausse-charte de 823 le fils de Charlemagne, Louis le Pieux ou Ludwig der Fromme, fait une donation à l’abbaye de Masevaux pour des terres à Uffholtz.
Selon une légende, c’est à Uffholtz au lieudit Lugner, en 833, que les fils de Louis I le Pieux, Charles le Chauve, Lothaire I et Louis le Germanique vont se battre contre leur père qui aboutira au partage de l’empire carolingien par le traité de Verdun en 843. L’Alsace, avec Uffholtz, fait partie désormais du royaume de Francie orientale sous Louis le Germanique ou Ludwig der Deutsche.
Le village est sous la souveraineté de l’abbaye de Murbach dans la vallée de Guebwiller, jusqu’à la Révolution. Successivement détenu en fief de Murbach, par les Habsbourg, les comtes de Ferrette ou les nobles de Wattwiller et de nouveau par les princes-abbés.
Le village a connu les destructions à la suite de la guerre de Cent ans par les Armagnac en 1444, la révolte des paysans en 1525, les Suisses en 1555 et enfin les malheurs de la guerre de Trente ans de 1621 à 1648 scellée par le traité de Münster qui donne l’Alsace à la France. Uffholtz n’est devenu français qu’en 1681. Le village est alors exsangue, détruit, sa population décimée et terriblement appauvrie. C’est à partir de là qu’une immigration suisse va repeupler partiellement le village qui va s’étendre.
La Révolution voit venir des émeutiers dans la cour dîmière abbatiale, actuelle salle de l’Espérance, et agresser la communauté juive présente ici depuis 1615.
Après l’abandon par la France de l’Alsace et une partie de la Lorraine, en 1871, Uffholtz est à nouveau sous la couronne impériale allemande jusqu’en 1918. Durant cette période, création d’une musique municipale et d’un corps de sapeurs-pompiers en 1865, d’une société de gymnastique en 1898, d’une chorale d’église en 1902.
La Première Guerre mondiale de 1914 à 1918 dévaste le village à quasiment 100 %. La population est exilée de la Noël 1914 jusqu’à la fin de la guerre. Située au pied du Hartmannswillerkopf ou Vieil-Armand, les maisons sont occupées par les soldats des royaumes coalisés de l’empire d’Allemagne. La reconstruction entière du village va s’opérer à partir de 1919. C’est de cette époque que date le regroupement sur un même lieu de l’église, la mairie, les écoles et le presbytère. L’adduction de l’eau courante est faite en 1924.
La Seconde Guerre mondiale intervient avec l’entrée des troupes allemandes le 17 juin 1940 suivie de l’occupation. Durant cette période, les noms des personnes son germanisés ou encore le Cercle catholique, fondé en 1927, devient la propriété du parti nazi à Munich. Après des combats violents et tragiques, Uffholtz est libéré le 4 février 1945.
En 1972 la commune entreprend le remembrement rural sur les terres agricoles de grandes cultures. Le ruisseau Egelbach est couvert dans sa partie villageoise en 1975.
Uffholtz est l’unique commune d’Alsace à être traversée par deux axes touristiques célèbres : la route des Vins et la route des Crêtes.
Des personnalités ont marqué les siècles
- Johannes Stantenat, prieur (1467 – 1471) de l’abbaye de Lucelle, puis abbé Johannes I, de l’abbaye impériale de Salem près du lac de Constance de 1471 à 1494.
- Bernard Meyer (1830 – 1884) télégraphiste et inventeur de l’appareil de transmission autographique.
- Jean François Heuchel (1833 – 1886) médecin, se distingua par son dévouement contre le choléra. A contribué à relancer les bains de Wattwiller.
- Aloyse Claussmann (1850 – 1926) compositeur, organiste, fondateur du Conservatoire de musique de Clermont-Ferrand.
- Anne Berna (1889 – 1967) en religion Sr Marie-Véronique de la Sainte-Face de la Congrégation du Très Saint Rédempteur (CSR) de Landser, écrivaine sous le pseudonyme Maria Felice, a laissé de nombreux livres et nouvelles de souvenirs villageois.
- Marguerite Gable-Senne, (1919 – 2017) écrivaine, a habité la commune durant ses jeunes années. Dans ses ouvrages elle évoque ces souvenirs, notamment dans le livre. « Un ballon rouge dans le marronnier ».
- Denis Ingold (1951 – 2012) historien Alsacien, a habité la commune dans son enfance. Une plaque est apposée sur sa maison.
Anecdotes
Lors de l’hiver 1270-1271 les loups ont dévoré 40 enfants du village.
Le dernier lion a été abattu à Uffholtz le 14 septembre 1958. « Sophie », une lionne pensionnaire d’un cirque, s’était libérée de sa cage avant la représentation sur la place de la République.
En forêt d’Uffholtz a été tuée Jean Kinck, par Jean-Baptiste Troppmann, l’assassin de l’affaire Troppmann au XIXe s.
Lors du tournage du film « Jules et Jim » de François Truffaut avec Jeanne Moreau, au Molkenrain en 1962, les comédiens séjournaient dans le village.
Etre un âne : un sobriquet
Il est admis généralement que le gentilé des habitants d’Uffholtz est uffholtzéen ou uffholtzois. Bien qu’il soit toujours hasardeux de coller un suffixe français sur un mot germanique ou étranger.
Les villageois sont mieux connus par leur sobriquet : les ânes. En dialecte alsacien nous disons Uffholzer Esel.
Un surnom qui aurait été donné par des habitants des communes voisines venant travailler leurs vignes et empruntant pour les labours, les ânes d’Uffholtz en grand nombre, plus qu’ailleurs. Ce serait donc une récompense pour un service.
Comme l’on sait, l’âne, dans les temps antiques, a été un animal de prestige royal. C’est ainsi que Jésus a fait son entrée à Jérusalem juché sur un âne. Plus près de nous, le parti démocrate Américain en a fait son emblème, Stevenson a effectué son voyage en France avec son âne Modestine. Louis Perrault ou la comtesse de Ségur ont su si bien parler de l’âne, sans compter le compagnon du Saint-Nicolas des enfants.
L’âne a été choisi comme logo par l’association Foyer Saint-Erasme et visible sur son bâtiment. Un âne est sculpté sur une stèle de 1987 dans le vignoble. Un autre figure sur la pierre d’angle de 2000 de l’atelier communal, rue des Ecoles. Des œuvres de René Girardin.
Curieusement, au XIVe s. la famille noble d’Uffholtz, conseillers de la ville de Mulhouse, ornèrent leur blason de deux oreilles d’ânes.
Selon un adage villageois : tous les gens d’Uffholtz sont des ânes, mais tous les ânes ne viennent pas d’Uffholtz. Ce qui ailleurs se dit qu’il y a plus d’un âne à la foire qui s’appelle Martin.